octobre 22, 2024
La Fondation Djigui La Grande Esperance est plus que jamais déterminée à faire la promotion de l’abandon de toutes les formes de violence à l’égard de la femme et de la fille et notamment les mutilations génitales féminines (MGF).
En effet, de toutes les violences basées sur le genre, les mutilations génitales féminines restent un grand défi pour le monde entier tant le taux de prévalence que par les déterminants socioculturels qui les justifient.
Nous rappelons à titre d’information que Les mutilations génitales féminines (MGF) font référence à « toutes les procédures impliquant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins ou toute autre lésion des organes génitaux féminins pour des raisons non médicales ».
Les MGF sont condamnés par un certain nombre de traités et conventions internationaux, ainsi que par la législation nationale de nombreux pays. L’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé et son bien-être », et cette déclaration a été utilisée pour affirmer que les MGF violent le droit à la santé et à l’intégrité corporelle.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé les MGF en quatre grandes catégories en 1995, puis à nouveau en 2007 :
Type I : Ablation partielle ou totale du clitoris et/ou du prépuce.
Type II : Ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres.
Type III : Rétrécissement de l’orifice vaginal par coupe et rapprochement des petites lèvres et/ou des grandes lèvres pour créer une sorte de joint, avec ou sans excision du clitoris. Dans la plupart des cas, les bords coupés des lèvres sont cousus ensemble, ce que l’on appelle « infibulation ».
Type IV : Toutes autres interventions nocives pour les organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple : piqûre, perçage, incision, grattage et cautérisation.
Dans l’ensemble, la pratique des MGF a diminué au cours des trois dernières décennies. Dans les 31 pays disposant de données de prévalence représentatives au niveau national, environ une fille sur trois âgée de 15 à 19 ans aujourd’hui a subi cette pratique, contre une sur deux dans les années 1990.
En Afrique subsaharienne, la moyenne du taux de prévalence tourne autour de 36% avec un taux de prévalence de 44% pour l’Afrique orientale et australe et 28% pour l’Afrique occidentale et centrale. (Source Unicef)
La tendance à la baisse de la prévalence est aussi observée en Côte d’Ivoire. En effet, selon le rapport Sigi (2022), le taux de prévalence national des MGF est passé de 36,7% (MICS 2016) à 20% aujourd’hui. Cependant, toutes les régions n’ont pas réalisé de progrès et le rythme du déclin a été inégal. C’est le cas des régions du nord-ouest (zone d’intervention de la FONDATION DJIGUI) et du nord où le taux de prévalence est encore autour de 70%.
Au cours de la mission d’évaluation initiale qui s’est déroulée du 17 au 27 janvier 2024 et la mission de lancement qui s’est déroulée du 4 au 7 février 2024, il y a eu des soupçons de 3 cérémonies d’excision dans la zone du projet. Des informations recueillies par les équipes de la FONDATION DJIGUI donnent des indices très sérieux sur la probabilité de cérémonie d’excision.
L’opportunité du projet n’est plus à démontrer. Il faut des moyens conséquents et des projets qui s’inscrivent dans la durée pour inverser la tendance de la prévalence des MGF dans la zone. On ne peut avoir la prétention de transformer les normes en quelques mois. Il faut une présence plus longue.
Au cours de ces cinq dernières années, la Fondation Djigui La Grande Espérance (FDGE) a mis en œuvre plusieurs projets visant à promouvoir l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF) dans les régions du Bafing, du Folon et du Kabadougou. Les résultats obtenus sont encourageants, mais ce qui reste à faire demeure immense par rapport à ce qui a été accompli. En janvier, la « lame » a encore coupé de petites filles dans un village de la sous-préfecture de Gbêlo dans le département de Ouaninou.
C’est dans ce contexte que, le 6 février 2024, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines, la FDGE, avec l’appui financier et technique de Feminist Opportunities Now (FON), a lancé le « Projet d’appui à la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines dans la région du Bafing » dans la sous-préfecture de Gouékan.
La cérémonie de lancement s’est déroulée à la résidence du Sous-préfet de Gouékan, réunissant plus d’une cinquantaine de participants. Parmi eux se trouvaient le Sous-préfet, qui a présidé la cérémonie, un représentant de la Direction Régionale du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant de Touba, ainsi que les chefs de villages et les guides religieux des cinq villages concernés par le projet : Gouékan, Sougouékan, N’Gohisso, Vayasso et Gbénéman. Étaient également présents les 10 facilitateurs communautaires, la notabilité du village hôte de Gouékan, la délégation de la Fondation Djigui, la sage-femme du Centre de santé de Gouékan, ainsi que les populations locales.
Cinq interventions ont marqué cette cérémonie : la bénédiction d’ouverture par l’Imam de Gouékan, suivie du mot de bienvenue prononcé par le chef de village de Gouékan. Ensuite, M. Tou a pris la parole au nom de la Fondation Djigui, avant que le représentant de la direction régionale du Ministère n’intervienne. Enfin, le Sous-préfet a déclaré l’ouverture officielle de la cérémonie.
Par la suite, M. Dosso, chef de projet, a présenté les différentes composantes du projet. La sage-femme a animé une courte conférence sur les conséquences des mutilations génitales féminines, en particulier lors de l’accouchement.
Après ces interventions, le chef de village de Gouékan et l’Imam de Vayasso ont pris la parole pour encourager leurs pairs à s’approprier le projet et à s’engager à abandonner la pratique des MGF.
FON contribue à l’éradication de la violence basée sur le genre dans le monde entier à travers des financements flexibles. Le projet Feminist Opportunities Now (FON) a pour but de renforcer les mouvements féministes en offrant des subventions, notamment aux petites organisations non enregistrées. Avec un budget de 7 millions d’euros, FON propose également un mentorat à long terme et des formations adaptées. De plus, le projet inclut un volet recherche-action pour assurer l’élargissement et la durabilité de ces approches.